Mozart et l’Alla Turca
Compositeur classique novateur
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) est incontestablement un génie de la musique classique qui tient encore une place de choix dans l’horizon musical moderne. Il a pu atteindre le sommet grâce l’excellente éducation qu’il reçut de son père Léopold Mozart, compositeur, violoniste et professeur très respecté à l’époque, mais aussi grâce à son propre talent, notamment en tant que compositeur et musicien.
Mozart embrassa tous les styles musicaux de son époque et devint un virtuose du piano et du violon qu’il s’appropria avec aisance.
Il fut également l’un des plus importants maîtres de l’opéra. Sa maîtrise exceptionnelle a grandement influencé la conception du concerto, de la symphonie et de la sonate. Il laissa derrière lui plus de 626 œuvres. Aux côtés de Joseph Haydn, Mozart est le compositeur qui représente le mieux le style classique, mais sa musique va bien au-delà : il a su allier un style à la fois galant et savant, incluant dans ses œuvres des complexités contrapuntiques du baroque tardif mélangées à des formes plus novatrices pour son époque. Cet artiste audacieux est un touche-à-tout : au gré de ses découvertes, chaque genre, chaque instrument et chaque forme musicale l’attire. Sa curiosité n’a pas de limites, et c’est ce qui en fait un compositeur accompli : ses œuvres rassemblent à la fois la force et la grâce ainsi que l’émotion et le pathétique.
L’une des œuvres les plus importantes de Mozart est la Sonate pour piano nº11 en la majeur.
Mozart, l'a composée vers 1780 (la date et le lieu exacts ne sont pas connus). Cette œuvre est particulièrement célèbre et reconnaissable grâce à son troisième mouvement appelé « Alla Turca » (littéralement, « à la turque ») ou « Marche Turque ». La structure est la suivante : Tema : Andante grazioso, Menuetto, et Rondo alla Turca : Allegretto. Le premier mouvement expose ainsi un thème avec six variations et présente une grande pureté mélodique. Le deuxième mouvement est extrêmement lyrique, serein et noble dans sa mélodie. Quant au dernier mouvement, le plus connu, il imite le style d’une compagnie de janissaires turcs. Cette partie finale se caractérise par l’utilisation de piccolos, de cymbales, de triangles et de nombreuses percussions. Mozart semble rassembler toutes ses connaissances et ses techniques perfectionnées pour créer une œuvre d’une beauté céleste, mais extrêmement complexe : percussions à peine suggérées, croisements de mains, arpèges brisés… Tout son génie s’exprime au fur et à mesure qu’apparaît chaque variation.
Alla Turca, le dernier mouvement.
Ce dernier mouvement de cette sonate unique présente des éléments rythmiques permettant de décrire une marche militaire grâce à une pulsation régulière, une mesure à deux temps et un rythme binaire. Le tempo allant (l’allegretto, qui correspond à la vitesse de la musique) et la carrure rythmique régulière (qui fait référence au groupement régulier de mesures) définissent également cette « Marche Turque ». De plus, certaines caractéristiques primordiales du style classique se retrouvent également dans cette composition : l’harmonie, l’équilibre et la symétrie sont savamment travaillées par Mozart.
Néanmoins, ce n’est pas le seul exemple d’imitation de la musique turque, qui était un concept très en vogue à l’époque : dans la même lignée, Mozart a composé l’opéra L’Enlèvement au sérail et le Concerto pour violon nº5 (« Concerto turc »). L’Enlèvement au sérail (1782), par exemple, se présente sous la forme de trois actes. Cette œuvre très caractéristique raconte la tentative du noble Belmonte pour enlever sa fiancée Konstanze qui s’est retrouvée prisonnière dans le palais de Salim, un Pacha turc. De cette façon, cette œuvre légère et divertissante expose quelques stéréotypes turcs à travers les personnages et s’approprie également la mode de la musique turque du moment. Cette composition de Mozart met ainsi en scène un triangle, des cymbales et un grand tambour afin d’imiter les janissaires turcs. Autre caractéristique de cette œuvre à connaître : il s’agit d’un singspiel, une œuvre théâtrale similaire à l’opéra-comique français. Ce genre de musique se caractérise par l’absence totale de récitatifs (car l’action a surtout lieu pendant les dialogues parlés) et par des airs chantés qui adoptent souvent une teinte populaire. Ainsi, le premier singspiel de Mozart fut Bastien et Bastienne (1768), une œuvre pastorale qui relate des histoires d’amours plutôt tumultueuses.