Comment arriver à jouer vite au piano ?
Comment devenir virtuose du clavier ?
Par Frédéric Bernachon
C’est une question qui m’est souvent posée, et la réponse va sûrement surprendre beaucoup de pianistes amateurs ou confirmés. Il faut travailler lentement. C’est aussi simple que cela. Mais attention, le travail de vitesse et d’accélération ne s’adresse qu’aux élèves de piano ayant acquis déjà le niveau intermédiaire et avancé. Les débutants devront concentrer leurs efforts sur l’acquisition de la lecture de notes et la technique du clavier. Jouer rapidement ne présente que peu d’intérêt au début d’apprentissage du piano.
Pour les élèves de niveau intermédiaire et plus. Avant tout, le morceau de piano classique nécessite d’être déchiffré. En fonction de la complexité de celui-ci et du niveau de déchiffrage de l’élève cette étape va durer d’une heure à quelques jours, ou même semaines. A la suite du déchiffrage le travail va se construire d’une note à l’autre, d’une mesure à l’autre. Ce travail lent va comprendre un certain nombre d’exercices techniques permettant de mieux intégrer et mémoriser le texte musical. Durant ce processus nous nous concentrons généralement sur le contrôle de chaque doigt. Le travail lent va permettre d’intégrer les morceaux de musique dans notre mémoire cinétique. En quelque sorte, on mémorisera la partition avec nos mains ( dans les neurosciences on parle de la mémoire procédurale, mémoire à long terme implicite qui permet le mouvement automatique sur le clavier de piano). Plus on le travaillera lentement mieux on le saura. Le travail lent doit être accompli sans fautes, la vitesse étant de l’ordre 2 à 4 fois moins rapide que la vitesse normale pour la partition donnée.
Une fois ce travail lent accompli, il faut rechercher à se détacher de la réflexion note par note, mesure par mesure. Il faut arriver à ne plus penser à chaque doigt, mais voir un passage entier. On peut essayer de discuter avec une tierce personne tout en travaillant. Cela permet d’acquérir une certaine indépendance et consolider les connaissance sous une perspective différente. Un exercice encore plus difficile consiste à lire un livre ou un journal. Le but de l’exercice est de déconnecter la réflexion consciente et ne pas fractionner le morceau de piano. Et c’est là que la mémoire cinétique implicite doit venir en aide et nous rappeler le geste tout entier sans nécessiter un effort particulier. Il ne faut pas se décourager car pour acquérir les automatismes il faut du temps et de la persévérance ( comme un exemple, un petit morceau de 1-2 pages nécessite environs 30 à 50 heures de travail lent). La mémoire procédurale (de piano) persistera durablement et aidera d'exécuter le mouvement rapide inconsciemment par un mécanisme cognitif invisible. Ces automatismes fermement acquis nous permettrons d’aller de plus en plus vite au piano. En conclusion, encore une fois, soyons patients et travaillons lentement le piano.