Schumann et piano
Compositeur romantique passionné
Robert Schumann (1810-1856) est un compositeur allemand qui illustre toute la grandeur du romantisme dominant du début XIXème siècle en Europe. Jeune, il aspire à devenir un pianiste virtuose, "un des plus grands pianistes vivants". Il fait partie des élèves d'un certain Wieck qui a mis au point une nouvelle méthode pour apprendre le piano. Malheureusement, des douleurs et une paralysie (certainement pour cause de son acharnement au piano) qui gagnèrent peu à peu sa main droite contraignirent Schumann d’arrêter les cours de piano et à laisser de côté sa carrière de virtuose. Néanmoins, il reste aujourd’hui encore l’une des incarnations les plus parfaites du romantisme musical allemand. Tout d’abord déchiré entre la poésie et la musique, son choix se portera finalement sur la composition après de longues périodes de doutes. La dimension littéraire de ses œuvres reste tout de même un outil indispensable à la compréhension de son art. Il continua d’ailleurs à écrire tout en composant, et ses écrits reflètent une intelligence perspicace ainsi qu’un caractère introverti et mélancolique.
Schumann fait ses débuts dans la musique à travers le piano, ce qui donnera cours à une production très fertile de chefs d’œuvres pianistiques tels que Papillons (op. 2), Carnaval (op. 9), Études Symphoniques (op. 13) ou encore Carnaval de Vienne (op. 26). Il est également important de citer son Album pour la jeunesse (op. 68) qui devint très populaire. Il s’agit d’un cycle de 43 pièces pour piano rassemblées dans un seul recueil en 1848. Ces différents morceaux ont été écrits sur plusieurs années et sont destinés à des pianistes débutants : les dix-huit premières pièces ont été réalisées pour les plus jeunes pianistes, et les autres sont dédiées aux plus grands. Schumann illustre ce recueil par une phrase très représentative de sa conception artistique : « Sans enthousiasme, on ne fait rien comme il faut en art ».
Il aborda ensuite tous les genres de son époque : il est notamment, après Schubert, l’un des maîtres du lied. De plus, il annonça en quelque sorte l'impressionnisme de la musique française en faisant évoluer ses œuvres vers des formes plus resserrées et en assouplissant les règles des structures classiques. Les compositions de Schumann savent également allier l’harmonie, la mélodie, l’écriture polyphonique et la sonorité instrumentale à des pulsions émotives et profondes ainsi qu’à une grande maîtrise de la tradition du contrepoint allemand.
Schumann qui épouse la fille de Wieck,Clara, la jeune pianiste interprète assez connue de l’époque, reflète histoire d’amour dans les grandes œuvres pour piano.
Papillons (op. 2) est une œuvre pour piano qui fut écrite de 1829 à 1831. Cette œuvre particulière représente un bal masqué : le compositeur s’est ici inspiré d’un roman d’un écrivain allemand, Flegeljahre de Jean Paul. Cette suite de 12 pièces assez courtes débute par une introduction de six mesures (moderato) puis continue avec des mouvements de danses. Chaque pièce est indépendante et n’a presque aucune relation avec la suivante : la première est ainsi rapide et se réalise en la majeur, et la deuxième se joue prestissimo en mi bémol majeur puis en la bémol majeur. Lors de la troisième pièce, Schumann opte pour un fa dièse mineur. La pièce suivante est plus longue mais le rythme est rapide (presto) ; elle se joue également en fa dièse mineur jusqu’à l’accord final qui bascule en majeur.
Le rythme devient ensuite plus lent et plus long avec la cinquième et la sixième pièce, qui se jouent en si bémol majeur puis en fa majeur et la majeur. La septième pièce apporte un peu plus de douceur (la bémol majeur) et la huitième pièce, plus rapide, permet de changer de tonalité vers un sol dièse majeur, puis un ré bémol majeur. Viennent ensuite la neuvième pièce (prestissimo en ré bémol majeur), la dixième (en do majeur avec un rythme variable de vivo à più lento) puis la onzième (la plus longue, en ré majeur). La dernière pièce reprend le thème de l’introduction en ré majeur qui s’évapore progressivement jusqu’à la fin de l’œuvre. Schuman n’a pas hésité à reprendre quelques thèmes de cette œuvre dans sa composition suivante, Carnaval (op. 9).
Quant au Carnaval de Vienne (1839), il s’articule autour de cinq parties : Allegro (si bémol majeur), Romance (sol mineur), Scherzino (si bémol majeur), Intermezzo (mi bémol mineur) et Finale (si bémol majeur), cette dernière partie adoptant la forme d’une sonate classique d’une puissance sonore remarquable. Petite particularité : lors du premier mouvement, le compositeur fait référence au thème de La Marseillaise.
Génie talentueux et tourmenté au destin tragique, Schumann finira ses jours dans de grandes souffrances physiques et morales, interné à l’asile d’Endenich après une tentative de noyade. Il laisse derrière lui une œuvre emplie de fougue, de fantaisie et de poésie qui est encore d’actualité.